jeudi 26 mars 2015

Silo, par Hugh Howey, éditions Babel

Des gens vivent dans un silo de 144 étages. Ce silo est creusé sous terre. De toute évidence il est immense. Des étages contiennent des jardins, d'autres des machines, des habitations, des bureaux. Les gens qui y vivent sont là depuis plusieurs générations et n'ont d'idée du monde extérieur que ce que leur envoient des capteurs installés à l'extérieur. On voit ces images aux étages supérieures. Au loin, une ville en ruine, entourée de collines où le sable tourbillonne. Oui, on est en pleine science fiction et comme mise en scène, c'est parfait.

L'entrée en scène est exaltante. On suit d'abord le shérif du silo dont la conjointe est décédée parce que sortie dehors. Or, lui aussi sortira du silo et ne reviendra pas... Puis, on suit la mairesse du lieu, partie avec le shérif adjoint passer une personne en entrevue pour combler le poste le shérif. Qu'il soit dit que ces gens vivent littéralement dans un escalier qui relie les étages entre eux. Dans les étages du haut, on a les bureaux du maire et du shérif, un peu plus bas, ceux d'un centre de serveurs informatique, et plus on va par en bas, plus on trouve de gens qui travaillent aux mines, tout au fond, et aux machines. C'est là d'où émergera la candidate qui sera appelée à monter.

Avouez que comme métaphore, on ne pourrait être plus clair: le bas est col bleu, le haut est col blanc. Cette société très organisée doit, pour assurer son bon fonctionnement, respecter des lois strictes sur la circulation de l'information et le procréation, par exemple. On fait mention de prêtres et aussi, fait absolument pas anodin, les habitants du silo ne savent pas d'où ils viennent. On a annihilé leur passé, ce qui constitue, avec l'extérieur du silo, un sujet tabou dont la mention publique est passible de sanction grave.

Quelle excellentes prémisses. Toujours aussi peu amateur de sci-fi, me voici quand même captivé. C'est écrit de façon classique, la traduction de l'américain est honnête, mais les idées sont bonnes. Alors l'action commence. Des gens disparaissent et d'autres veulent savoir d'où on ils viennent. C'est là qu'apparait... le méchant. D'abord je me dis que c'est sans doute un cliché parce que jusqu'ici, ce livre est rempli de bonnes idées, et même si c'est "gros", c'est original. Mais ce méchant est méchant. Méchant méchant méchant, d'un genre Gargamel. Un peu plus et il fait hin hin hin le dos courbé. Ses descriptions sont sans équivoques. Pendant ce temps, la candidate venue du fond devient l'héroïne et puis boum! ça explose, tant dans l'action du livre que dans mon intérêt. Apparaissent, dans un décor où on aurait jamais cru en voir, des fusils, des gens du bas valeureux, des gens du haut soumis aux ordres. Puis viennent les gros bras, et à travers ça, l'héroïne passe à travers des épreuves où même Astérix avec potion magique aurait failli.
La sci-fi est un genre, oui, mais la sci-fi américaine, du genre "fantasy" ou plutôt "roman d'anticipation" l'est encore plus. Plus j'avançais, plus je voyais les scènes de film, les dialogues s'y prêtant. Oui, l'action m'a tenu en haleine, mais parfois, devant des prouesses plutôt invraisemblables mais aussi devant de bonnes idées de personnages (les prêtres, par exemple) ou de situations peu ou pas développées, je suis devenu exaspéré. Avais-je à faire avec un roman à la Hunger Games, à quelque chose d'adolescent? Pas nécessairement, mais une chose est certaine, c'est que la formule m'a semblé toute faite, comme pour ces séries à succès. Il est un moule dont ce type de littérature, comme certains films d'action, semblent ne pas pouvoir se défaire. Pour ma part, ça noie mon imagination. Je n'aime pas présumer dès le premier tiers du livre que l'héroïne survivra, qu'elle sera vaguement amoureuse d'un autre personnage vertueux et que ses ennemis périront. Ça m'énerve. Et ce, même si, ou plutôt malgré une idée originale remarquable qui aurait pu mener à des choses, des scènes ou des situations fascinantes parce qu'imprévisibles. Pas que tout soit prévisible, dans Silo mais... faut se l'avouer, dès qu'on sait que deux autres tomes suivent, on tire rapidement certaines conclusions sur les personnages principaux.

Original dans son genre, Silo saura certainement plaire aux amateurs du genre. L'action est enlevante, le décor fabuleux mais les personnages sont un peut-être un peu faciles. Content de l'avoir lu, je m'en contenterai. Si on veut me raconter les deux livres suivants, je serai tout ouïe...et ça me suffira.

Impression de déjà vu.

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