lundi 16 septembre 2013

L'ange du matin, par Arni Thorarinsson, éditions Métaillé Noir

Important: ce blogue est celui d'un amateur de littérature et de bonnes histoires qui préfère le roman et la nouvelle. Le polar: oui, parfois, mais je n'en suis pas un spécialiste. Voilà pourquoi je me sais particulièrement critique envers le genre.

C'est fou, mais à chaque fois, ce sont les failles du récit qui m'apparaissent en premier. À partir du moment où j'en ai détecté une, je reste agacé. Avec l'Ange du matin, la faille en question n'est ni dans l'histoire, qui est très bonne, ni dans le style, qui est très accessible. J'ai plutôt accroché sur certains détails, vous savez, de ces coïncidences qui font qu'on réussit à dénouer l'intrigue, de ces petits détails qui font la différence. Or ces détails sont parfois tellement gros qu'on se dit que bon, ben franchement, c'est un peu poussé.

Ça se passe en Islande, tant à Reykjavik qu'à Akureyri, les deux villes principales du pays. Le narrateur est journaliste et des les premières pages, l'homme se retrouve mêlé à un tas de trucs. Disons que sa vie est toute sauf ennuyante. Après avoir découvert une victime d'agression, il sera vite mêlé à l,affaire de l'enlèvement d'un richissime homme d'affaires. Ajoutez à ça l'agression de sa voisine, une dame âgée calme et discrète, et vous avez le portrait d'un personnage parfait pour ce genre de roman. Pas ennuyant, je le répète. Cet auteur connaît la musique, cet ouvrage n'est pas son premier. Aussi nous fait-il habilement nous questionner tout au long des enquêtes simultanées que mène le prolifique narrateur et personnage principal.

Le climat est sympa, en ce sens que le personnage est on ne peut plus cool. Exit le classique enquêteur un peu paumé, alcolo, bizarroïde et vaguement antisocial. Bon, celui-là est peut-être un ancien alcolo, divorcé et en fin de carrière, mais quand même. Son entourage n'a rien de glauque ni de mésadapté. L'action se situe en 2010, aux lendemains de la grave crise économique qui a frappée ce pays. Aussi est-ce empreint de désenchantement. Sans être tristes, les protagonistes sont fortement désabusés. Est-ce que cet atmosphère général serait prétexte aux crimes commis? À moins qu'il ne s'agisse d'actes gratuits? Là sont plusieurs de nos questions.

Pas simple, l'intrigue devient de plus en plus noire, mais pas glauque, ni lugubre, mais franchement noire parce que l'une des enquêtes mènera à quelque chose de stupéfiant. Amateurs de Walt Disney, s'abstenir. Princes et princesses en prennent pour leur rhume.

Les autres enquêtes n'atteindront pas l'intensité de celle-là, aussi se demande-t-on si l'ouvrage aurait été mieux servie si une seule enquête avait été menée au lieu de plusieurs en même temps. Les détails qui m'ont dérangé, ces indices qui m'ont semblé "un peu gros" n'auraient pas été si seule l'enquête principale avait mené l'action. Mais bon, l'Ange du matin n'en est pas à déconseiller pour autant. L'ensemble est actuel, ce qui, déjà, pour un polar, m'a intéressé. C'est collé à l'actualité de ce siècle. Les amateurs d'Islande seront servis puisque noms de rues, de places et autres noms propres locaux foisonnent. Ces noms ne sont pas faciles pour le lecteur francophone, mais assurent un dépaysement garanti, d'autant plus que l'excellente traduction d'Éric Boury est au rendez-vous.

Amateur de polars: dépaysez-vous!