dimanche 13 janvier 2008

La reveuse d'Ostende, par Eric-Emmanuel Schmitt, Albin Michel


Schmitt est maintenant si connu que la sortie de ses livres sont des événements. Celui-ci n'a pas fait exeption avec moults articles dans les journaux et entrevues à la radio. On l'a d'abord aimé pour un chef-d'oeuvre: La part de l'autre, et pour un autre équivalent: L'évangile selon Pilate. Mis à part une erreur avec Quand j'étais une oeuvre d'art, bouquin somme toute quelconque, Schmitt n'a donné que dans le succès. Sa recette: son style. Si son écriture était un liquide, il s'agirait d'eau pure, limpide, qui coule directement de la source. Lire Schmitt, c'est d'abord se laisser bercer. Rares sont les auteurs aussi fluides.

Il faut dire aussi que jusqu'ici, les sujets de ses livres savaient aussi charmer parce qu'originaux et rares, dans ce qu'il y a de plus beau. Puis vint l'époque "nouvelles d'Éric-Emmanuel Schmitt" dans laquelle on nage encore. D'abord, Odette Toulemonde où, avec cette seule histoire, Schmitt s'est commis. Ça ne pouvait être plus clair. Cette histoire de la petite dame ordinaire qui rencontre son écrivain préféré: paf, c'était ça, le "nouveau Schmitt", toute son essence. Depuis, le mec écrit pour elle et elle seule: Odette Toulemonde. Pas qu'Odette est idiote, non. Elle aime aussi ce qui est bien écrit, ce qui charme, mais aussi ce qui la fait sourire. Comme pour une bonne émission de télé, Odette n'aime pas trop se creuser les méninges et aime qu'on lui montre combien le monde peut être beau si on y met un peu d'effort. Elle aime la bonne morale.

On en est là avec la rêveuse d'Ostende. On dirait que Schmitt tend vers la fâble moraliste. On est près de La Fontaine, les rimes en moins. Non ces 5 nouvelles ne sont pas mal écrites, mais...

Qu'une vieille dame raconte un viel amour caché sait charmer. Qu'il raconte la triste de fin de deux vieux amants ne laisse pas indifférent, bien que l'un d'entre eux soit le bon, l'autre, le mauvais, assez rapidement dès le début de l'histoire. Qu'une fille de 25 ans découvre le désir de plaire à travers les sensations d'un aveugle... même si on a l'impression d'avoir déjà lu ça, ça fonctionne aussi. Mais lorsqu'arrive l'histoire d'un vieil érudit qui n'aime pas les romans et qui les découvre sur le tard, avec une fin à la Agatha Christie, on frôle carrément la Comtesse de Ségur.

J'ai terminé de receuil avec un vague sentiment d'exaspération. Un peu déçu, oui, mais on constate bien qu'il s'agit de Schmitt, donc, rien n'est perdu puisque c'est bien écrit, que ses images sont belles et qu'il sait encore nous atteindre avec ces phrases coup de poing que lui seul sait faire. Reste qu'on a hâte qu'il revienne au roman, alors que, comme dans pour les premiers titres cités dans cet article, il nous emmenait loin si facilement, et surtout avec tant de plaisir.

Laissez les nouvelles, Monsieur Schmitt, ça suffit maintenant. Elles ne sont pas mauvaises, non, mais ma foi, on dirait qu'elles ne valent pas vos romans!